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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

chemins de traverse dont cette forêt est percée présente un développement de près de quatre cents lieues. À l’ouest, la forêt domine au bord de la Seine le bourg de Maisons-Laffite, célèbre par son château, l’un des chefs-d’œuvre de Mansart ; et le fleuve en achevant sa courbe laisse à sa gauche Poissy, situé également sur la lisière de la forêt, avec un pont aux arches inégales datant de Louis IX, et portant encore un vieux moulin, dit de la reine Blanche.

Versailles, où Jean revenait toujours, n’est en réalité, comme on l’a dit que le plus grand et le plus somptueux faubourg de Paris. Au point de vue militaire, Versailles est compris dans la ceinture de forts qui défendent la capitale. Abordée tantôt par les chemins de fer, tantôt par les anciennes routes, cette ville paraissait à Jean de plus en plus imposante, mais aussi bien froide, et pour tout dire, ayant un véritable air d’indigence, que dissimulent mal ces grandes avenues où s’alignent des hôtels, et qui aboutissent toutes au palais de Louis XIV, comme si la ville avait été bâtie pour servir d’annexe à la royale demeure. Cette manière de voir n’avait rien d’erroné. À Versailles, la ville, et le palais c’est tout un. L’histoire de Versailles c’est aussi l’histoire de son château.

Ce château édifié par Louis XIII sur les ruines d’un moulin, fut reconstruit à grands frais par Louis XIV sur les dessins d’Hardouin-Mansart ; Lenôtre traça les jardins, le peintre Lebrun demeura chargé de la décoration intérieure. L’établissement, à Marly, d’une machine élévatoire fournit l’eau des bassins. Depuis, cette machine a été remplacée par une pompe à feu.

Ce palais grandiose devint pour toute l’Europe, au dix-septième siècle, le modèle des résidences royales et princières, surtout en Allemagne où tout souverain, si pauvre qu’il fût, voulut avoir une demeure de même style avec terrasses, escaliers extérieurs, boulingrins, jets d’eau et le reste.

Vers la fin du règne de Louis XIV, le grand Trianon devint une dépendance importante du château. C’est au palais de Versailles que Louis XVI fit l’ouverture des États généraux de 1789, devenus Assemblée nationale au lendemain de la réunion des députés du Tiers dans la salle du jeu de Paume. Tout le monde sait, et Jean le savait aussi, comment le 6 octobre de cette même année, la population parisienne alla chercher à Versailles Louis XVI, la reine et le Dauphin pour les amener à Paris. Depuis, le palais de Versailles demeura inhabité par les souverains.

Il était réservé au roi Louis-Philippe de transformer le palais de Louis XIV en un musée historique consacré à toutes les gloires nationales. Dans des