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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/602

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V

Un bon accueil

Il se peut que Landerneau soit une jolie petite ville, très bretonne, et que des hauteurs qui entourent de tous côtés la riante et fraîche vallée de l’Elorn, dans laquelle elle est assise à la jonction des routes de Morlaix, de Carhaix, de Quimper, de Brest et de Lesneven, on domine la campagne du Léonais et la rade de Brest, qu’on y voie même au loin les eaux de l’Océan ; il se peut aussi, comme l’avait assuré Méloir, que ce soit un centre industriel important qui mérite d’être visité pour ses tanneries, ses minoteries nombreuses, ses fabriques de bougies, ses brasseries, son chantier de constructions maritimes, et surtout ses fabriques de toiles ; mais Jean, après l’aventure de son compagnon de route, ne voulut pas séjourner une heure de plus dans cette ville si célèbre — à tort ou à raison — par ses cancans.

Il craignait un retour offensif du gars évincé ; une envie de troubler la noce le reprenant subitement.

Et, de fait, le Breton par moments devenait jaune et vert ; ses yeux égarés sortaient de leur orbite, et il lâchait une injure énergique à l’adresse de celui qui était venu faire obstacle à son bonheur : — Fils de chien !… Ah ! mais dame, oui : un vilain singe… de sûr et certain !

Toutefois comme Méloir retombait après dans son abattement, Jean résolut d’en profiter pour l’éloigner de Landerneau.

Enfin, une idée venait de germer dans son cerveau et prenait de minute en minute une consistance favorable à sa mise à exécution : Jean ne pouvait penser à garder Méloir auprès de lui, même en l’associant à ce petit commerce de livres qu’il songeait à reprendre. Cela étant, il allait le conduire,