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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

au petit Parisien. Se rappelant les recommandations de Jean, il fut aussi cérémonieux vis-à-vis de la fille de la baronne que s’il la voyait pour la première fois ; la chose était d’autant plus facile à observer qu’il fallait de la bonne volonté pour reconnaître la petite Cydalise sous les dehors de mademoiselle du Vergier.

Tout s’annonçant bien, le Breton, crut pouvoir ébaucher son petit parlement :

— Respect de vous, madame la baronne, dit-il, si c’était que vous voudriez me prendre d’avec vous pour me gager domestique, vous auriez un malin gars à vot’e service, je ne mens pas !

La baronne sourit.

— Et, reprit Méloir, je ne dis point tout ce que je peux, ni tout ce que je sais, mais vous verrez, madame : de sûr et de vrai ça sera aussi ben de la bonté de votre part d’avoir pitié d’un brave garçon comme moi.

— Il va bien le gars de Landerneau, murmura Maurice en riant. — Sans mentir, ajouta-t-il d’un ton moqueur.

— Eh bien oui ! Eh bien oui ! dit madame du Vergier. Le baron ne rentrera pas à Caen avant plusieurs jours, mais sur la recommandation de Jean, j’accepte dès à présent son protégé. Il vous suivra, Maurice, et vous sera peut-être de quelque secours. Méloir, vous allez accompagner mon fils dès ce soir. Vous aurez soin de lui et de son ami Jean… seulement, je dois vous avertir que ce n’est que pour un temps assez court… à moins que je ne change d’idée. Quand vous reviendrez, je prends l’engagement de vous trouver une bonne place. En attendant, voilà votre maître ; aimez-le bien et servez-le fidèlement.

— Madame la baronne je ne suis pas pour chercher dispute à un quelqu’un, mais celui-là qui voudrait du mal à mon maître ou au petit Parisien… Verè i’ ne ferait point de vieux os dans sa peau. À qui mal veut, mal arrive. V’là comme nous sommes à Landerneau.

Madame du Vergier sourit de nouveau.

— Bien, bien, dit-elle, je vous les confie tous les deux, Méloir ; et maintenant, allez dîner et vous préparer.

Le Breton s’inclina et dit :

— Bonsoir à vous revoir, madame, portez-vous bien, et le paradis à la fin de vos jours.

Comme Méloir sortait du hall, une main délicate lui barra le chemin et se tendit au-devant de la sienne ; une petite voix murmura : — Vous voilà donc retrouvé, mon bon Méloir ?