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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/615

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

prononcée que Jean comprit le mieux, tant il y avait d’expression amicale et tendre sur le visage de la belle jeune fille.

— J’ai dit, Jean, que je vous aiderais dans la réussite de vos projets, et je vais cependant, avec la permission de ma mère, tenter de vous en détourner. N’est-ce pas bien commencer ?

— Expliquez-vous mieux, dit la baronne.

— Voici : Je voudrais, maman, que vous décidiez Jean à m’accompagner à Dax. Qui sait s’il n’aura pas plus d’influence que moi sur l’esprit du baronnet ?

— Sir William est donc à Dax ? demanda Jean à miss Kate.

— Oui, mon bon ami Jean, lui répondit la jeune Anglaise. Nous l’avons appris par hasard, ce matin, en lisant un journal de cette ville que reçoit le baron du Vergier.

— Oh ! par un bien grand hasard ! fit Maurice ; car jamais je n’en déchire la bande : mon père le reçoit à titre d’archéologue et de correspondant. Oui, le baronnet est en train de révolutionner l’Établissement thermal par ses excentricités, au point de prendre place dans la chronique locale.

— Maurice ! Oh ! fit miss Kate d’un ton de reproche.

— Pardonnez-moi, mademoiselle, si mon langage a pu vous blesser. Vous savez combien je suis dévoué à votre famille et à monsieur votre père, puisque je pars ce soir…

— Certainement, je sais tout cela, dit la jeune Anglaise radoucie, et Jean serait vraiment bon s’il voulait aller avec vous. Je me joins à vous pour que la baronne y consente.

La baronne ne disait pas non. Alors, Jean prit la parole :

— Et que deviendrait mon protégé ? demanda-t-il à madame du Vergier.

— Vous n’avez pas d’autre objection, Jean ? fit celle-ci ; et elle ajouta : Au fait, voyons-le donc, ce gars de Landerneau !

Sur les explications de Jean, Maurice alla chercher le Breton. Ils arrivèrent tous les deux au pas gymnastique, par l’effet d’une malice de Maurice, et l’on entendait résonner sur le pavé de la cour les gros souliers de l’ancien moucheur de chandelles.

— Que de bruit ! fit la baronne, lorsqu’ils pénétrèrent dans le hall.

— Halte ! cria Maurice en s’arrêtant. Ce fut toute la présentation.

Madame du Vergier toisa le gars, et l’examina du coup d’œil sûr d’une maîtresse de maison.

— Mais il est très bien, votre protégé, dit-elle à Jean.

Méloir, alors, salua respectueusement les dames et fit un signe d’amitié