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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

à passer la nuit dans leur charriot ou par terre, à côté de leurs bœufs. Tout ce monde, vêtu l’été d’une casaque de toile grossière va nu-pieds ou chaussé de sabots, porte le béret basque surtout dans la partie méridionale du département.

Le costume d’hiver se compose d’un gilet à manches, d’un justaucorps en peau de mouton et de grandes guêtres de peau. Les bergers ont en outre un manteau blanc à capuchon, de grossière étoffe de laine.

Ces nomades se nourrissent de pain de seigle ou de bouillie de mais très épaisse, mangée froide, avec un assaisonnement de sardines dont la rancidité semble faire le mérite.

Le besoin de traverser de grands espaces, souvent inondés, a fait adopter aux Landais l’usage des échasses. Grandis de la sorte, ils parcourent plus vite les immenses distances, l’interminable lande : ils peuvent suivre un cheval au trot ; ils veillent aussi plus aisément sur leur troupeau. Les bergers sont en outre munis d’un long bâton sur lequel ils s’appuient dans les moments de repos. On les voit alors occupés à un ouvrage de tricot.

Les femmes et les enfants se servent également d’échasses. On s’assied sur une armoire, sur le manteau de la cheminée pour « chausser » ces prolongements de tibias.

Les paysannes landaises se contentent pour leur vêtement d’étoffes grossières. Elles se coiffent d’une sorte de capuce formée de plusieurs mouchoirs ; les jours de fête, elles y ajoutent un chapeau à larges bords.

Maurice avait dû louer une carriole pour achever sa tournée et s’en revenir à Dax. Les relais étaient fournis par les chevaux du pays, chétifs, un peu sauvages, mais résistant bien à la fatigue.

— Qu’allons-nous faire maintenant ? demanda Jean à son ami. N’avons-nous pas montré toute notre bonne volonté ?

— Sans doute ; mais vous ne sauriez comprendre jusqu’à quel point je suis déçu ! Comment après cet échec oser reparaître aux yeux de miss Kate ? Ne pouvoir même lui donner la moindre nouvelle rassurante de son père ! Pauvre demoiselle ! Il ne me sera donc pas permis de lui venir en aide dans son affliction !

Le roulement d’une voiture publique coupa court aux lamentations de Maurice ; un messager descendit lestement de l’impériale, porteur d’un paquet en forme de guitare adressé au gérant de l’établissement thermal. Un moment après, Maurice apprit que l’Anglais était retrouvé : il envoyait de