Aller au contenu

Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/63

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

II

L’Orphelin

Il est indispensable de faire ici un retour sur les années écoulées depuis le moment où Jean, suivant les troupes au campement de la Délivrance, traversait les lignes prussiennes jusqu’à Dôle, dans le Jura. Que d’événements s’étaient produits !…

Avant même la fin de l’armistice, le brave charpentier, reprenant ses outils, s’établit d’abord à Dijon, ville toute frémissante encore des chocs de la guerre, occupée tour à tour qu’elle avait été par les Badois de Werder et les Chemises Rouges de Garibaldi.

Aussitôt que les communications furent rétablies, il écrivit au maire de Vannes-le-Châtel pour s’enquérir de la famille de Jean Risler, ou plutôt de cette tante Jacqueline et de ce père Barnabé à qui l’enfant avait été confié pendant quelques jours…

Bordelais la Rose apprit, peu après, que le vieux luthier des Vosges avait été jeté en prison par les Prussiens, sous l’inculpation de détention d’armes. Le malheureux se trouvait encore enfermé à Mirecourt ; on ne savait ce que sa femme était devenue.

Alors l’excellent Bordelais la Rose se décida à conduire à Paris cet enfant qu’il traitait déjà comme s’il l’eût adopté. Les renseignements sur la mère de Jean manquaient et lui faisaient vivement regretter ceux que le père Barnabé aurait pu fournir. Il fallut au charpentier beaucoup de patience et beaucoup de dévouement pour utiliser les vagues indications données par le petit Jean et arriver enfin, rue Marie-Stuart, au domicile de la mère et de la grand’mère du jeune garçon : c’était la maison où était né Jean.