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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/707

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

Après Nuits on annonça Vougeot.

— Vous n’êtes pas, milord, sans avoir fait connaissance avec le Clos-Vougeot ! dit le voyageur qui avait pris la parole.

Maurice avait bien envie de le prier de se taire, en voyant le baronnet si tourmenté, si déraisonnable.

Un quart d’heure après, une autre exclamation retentit :

— Chambertin !… Chambertin, milord ! fit le voyageur, devenu familier.

— Patience, sir ! Nous touchons à Dijon, dit Maurice.

— Par Thémis ! si je ne craignais de vous altérer, milord, je vous dirais quelque chose de tous ces bons vins que produit le pays.

— Yes ! fit le baronnet d’un ton encourageant. Je voulé acheter…

L’autre était à cent lieues de comprendre. L’avocat, — c’en était bien un — reprit :

— Le pays est tout parfumé et tout pétillant de crus d’un bouquet délicieux et d’une robe brillante ! Ces vins de Bourgogne sont — comment dirais-je ? — d’un tissu moins fin, moins soyeux et moins transparent que les vins de Bordeaux ; mais ils ont plus de solidité, plus de richesse ; ils sont plus généreux, plus corpulents, plus toniques. (Les yeux de l’Anglais sortaient de l’orbite). Je vous ai signalé les vins de Chambertin, de Vougeot, de Nuits et de Beaune. Mais il y a encore les crus de Pomard, de la Romanée, de Volnay, de Corton, de Richebourg, de Mercurey ; il y a les vins de Mâcon, les crus de Thoreins et de Moulin-à-Vent. Il y a, outre les vins blancs de Meursault, les vins blancs de Montrachet, ceux de Châblis, celui de Pouilly…

Le baronnet saluait au passage la plupart de ces noms d’un yes ! plus ou moins énergique, témoignant de son admiration à divers degrés.

Et c’est ainsi qu’on arriva à Dijon. La vieille capitale de la Bourgogne, aujourd’hui chef-lieu du département de la Côte-d’Or, est située dans une plaine asse vaste, dont le sol onduleux s’incline doucement de l’est à l’ouest, jusqu’à la rive gauche de l’Ouche. La rive opposée de cette petite rivière s’appuie sur une longue suite de coteaux couverts de vignobles.

Le baronnet avait hâte d’aller loger quelque part et de demander la carte des vins. Il découvrit un hôtel « respectable » dans le voisinage de la promenade de l’Arquebuse, voisine elle-même du chemin de fer, et qui est séparée par une haie et par un ruisseau du Jardin des plantes. Quelqu’un dit au baronnet qu’on montrait parmi les collections botaniques de cet établissement plus de trois cents variétés de vignes, et il allait y courir lors-