Aller au contenu

Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/732

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
724
LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

Il y a encore d’autres industries lyonnaises, dont nos amis, si ce n’est même sir William purent se faire une idée : celle des tulles de soie, celle des foulards ; la passementerie et la teinturerie qui occupent un grand nombre d’ouvriers ; l’industrie du fer, de la construction des machines et des métiers à tisser ; la fonte des cuivres, la fabrication des papiers peints ; les produits chimiques, l’orfèvrerie et la bijouterie en faux, enfin la chapellerie.

Quant au commerce général il porte en outre sur les vins, les eaux-de-vie, le coton et la laine, la draperie et la toilerie, la houille et le charbon de bois, les marrons et certains fromages appréciés, notamment ceux du Mont-d’Or.

Le quatrième jour, en sortant de leur chambre pour aller saluer le baronnet, Maurice et Jean furent fort étonnés de ne pas le trouver chez lui. Son absence était soulignée par l’enlèvement de quelques menus objets que l’Anglais emportait avec lui dans un nécessaire de voyage, sans jamais le confier à personne.

Les deux jeunes gens se regardèrent atterrés, avec une même pensée : sir William leur aurait-il, une fois encore, faussé compagnie ? Méloir appelé, ne se trouva pas à l’hôtel. Cette circonstance rendait quelque espoir à Maurice et à son ami, lorsqu’ils virent accourir Méloir tout essoufflé :

— Il n’était point naufragé son bateau en papier, cria-t-il dès qu’il pût reprendre haleine ; il l’avait caché, et il vient de s’ensauver d’avec sur la rivière.

— Sur le Rhône ? s’écria Jean.

— Dame, oui, tout au bout de la ville. Faut dire la vérité, je l’avais suivi pourvoir un peu, sans même prendre le temps de manger un morceau ni boire goutte… Maintenant, bonsoir à revoir ! il navigue en pleine mer… sus la rivière, ce chat-huant d’Ingliche !

Au bureau de l’hôtel, Maurice apprit que le baronnet avait soldé toute la dépense, en recommandant de laisser « bien dormir les jeunes garçons ».

Méloir disait vrai. Le baronnet descendait le Rhône, dont le courant avait ce jour-là une force exceptionnelle. Son projet était de gagner la Méditerrannée, — ni plus ni moins.

Les eaux du Rhône sont toujours rapides et cela s’explique par la pente de son lit. Bondissant, écumeux, ravageur, il sort du lac de Genève se rétrécit ensuite entre le Jura et les monts de Savoie, s’enfonce dans les sombres défilés du fort de l’Écluse, et, large comme un ruisseau, mais profond comme un abîme, il coule dans les effrayantes gorges de Malpertuis ; enfin, se développant librement et après s’être accru à Lyon du tribut de la Saône, il roule