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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/738

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

forêts, ravinées par des torrents qui descendent des Alpes et remarquables par les gras pâturages de leurs plateaux. Dans toute cette région les montagnards du Dauphiné s’étaient montrés intelligents et fins, ayant l’activité patiente et l’industrie qui sont d’ordinaire l’apanage des habitants des régions élevées.

Plus d’une fois Jean compta sur ses doigts les sept merveilles du Dauphiné : la Tour sans venin, la Montagne inaccessible (le mont Aiguille, à neuf kilomètres de Die), la Fontaine ardente, la Fontaine vineuse, etc. De toutes ces merveilles vraies ou prétendues, il y en a cependant une très réelle et très remarquable : la grotte de la Balme près de Crémieux et du Rhône.

L’ouverture de cette grotte n’a pas moins de trente-trois mètres de hauteur et de vingt et un mètres de largeur. Cette vaste entrée est comme une immense bouche s’ouvrant dans un calcaire taillé à pic et dont le front est couronné de buissons. Particularité des plus curieuses : la grotte de la Balme renferme une église romane du douzième siècle, dont le clocher n’atteint même pas jusqu’à la voûte. Les hardies dimensions de l’ouverture se conservent dans la grotte sur une profondeur de soixante-quinze mètres ; puis la voûte s’abaisse ; puis encore la grotte se divise en plusieurs galeries percées à diverses hauteurs et que l’on visite. On montra aux jeunes gens la « chambre des Faux monnayeurs » qui servit de refuge à Mandrin.

Mais il y aurait une lacune dans notre récit si nous passions avec tant de rapidité à travers les régions traversées. Sacrifions les villes, si l’on veut ; aussi bien dans cette région de la France tout l’intérêt est dans le sol montagneux.

Grenoble est une jolie petite ville bien proprette que l’Isère coupe en deux parties fort inégales et que de hautes montagnes dominent ; mais elle doit beaucoup de son animation au voisinage de la Grande-Chartreuse, très visitée, comme l’on sait, par les étrangers.

Le baronnet après avoir jeté un rapide coup d’œil sur la ville était monté avec Maurice et Jean dans une voiture de louage, Méloir s’asseyant à côté du cocher. Et l’on avait pris le chemin de la Grande-Chartreuse. Une partie du trajet se fait en plaine, sur une route facile, tracée au milieu de prairies et de jardins et, dans la belle saison, bien ombragée.

Quand ils commencèrent à monter, ce fut par une suite de faciles contours. Ils atteignirent le premier plateau. Mais après avoir roulé une heure comme en plaine, ils durent prendre des mulets et un guide. C’est ainsi qu’ils parvinrent à l’entrée de la gorge : avec ses forêts de sapins et de bou-