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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/752

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

— Bien plus honnête, vô, observa le baronnet, puisque vous avez sauvé moâ de cette avalanche. Je voulé écrire tute suite à milady et à mon fille Kate que cette avalanche a guéri moâ du spleen… et que je voulé ritorner… Vô, master Maurice, et vô, la petite Jean, je souis votre ami toujours ; je n’avé pas d’autre chose que je pouvé dire à vô.

Méloir allait se mettre en route vers Chamonix.

— Il me semble, dit le blessé, que… avec un peu d’aide… en m’appuyant sur Jean… je pourrais marcher.

On essaya, et Méloir pour ne pas aller seul du côté où l’Allemand aux regards louches avait disparu, fit des prodiges pour ramener le blessé — Jean et Maurice aidant — jusqu’à l’endroit du Montanvers où il n’y avait plus qu’à descendre dans la vallée.

Quelques braves gens rencontrés près du hameau des Bois, offrirent leur assistance et, deux par deux, se relayant, ils transportèrent Jacob jusqu’à l’hôtel du baronnet ; non sans émouvoir toute une population de gens honnêtes, sérieux et charitables. Les hommes accouraient — ramassés, pleins de nerf et de vigueur, — croyant à l’une de ces catastrophes qui viennent périodiquement attrister Chamonix ; les jeunes filles ne se montraient pas moins empressées et sensibles ; — belles avec un teint animé, des yeux profonds et purs, un visage grave. Elles portaient un petit bonnet rond de soie noire, enjolivé de tulle, en arrière sur le chignon, un fichu de soie au cou ; un haut bavolet enveloppait leur poitrine ; leurs jupes courtes étaient rouges ou bleues.

En se voyant l’objet de tant de soins, de tant d’attentions, Jacob Risler comprit que ce n’était pas à Chamonix qu’il mourrait.