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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

Il prit des notes intéressantes, et pouvant devenir utiles pour lui. Dans la plaine encombrée de pierres qui s’étend du Rhône à l’étang de Berre, — la plaine de la Crau, ancien lit de la mer, — le canal de Crapponne se ramifie en une multitude de rigoles ou « béais », qui ont fait des campagnes d’Istres — sur l’étang de Berre — une des régions agricoles les plus fécondes de la France ; la ville de Salon, qui se trouvait lors du creusement du canal, à la limite même de la Crau, en est séparée maintenant par une vaste étendue de terrains couverts des plus riches cultures. Un quart de cette plaine de cailloux a déjà été transformé.

La Crau n’était autrefois qu’un pâtis où se montraient les rares pasteurs des troupeaux transhumants. Maintenant les rideaux de cyprès, les cultures diverses, les maisons qui bordent les canaux d’arrosement introduisent quelque variété dans l’ancienne solitude, si morne jadis.

Toutes les excursions de Jean à travers la Crau et la Camargue le ramenaient à Arles, ancienne colonie grecque, qui devint capitale de ce royaume d’Arles créé par le démembrement de l’empire de Charlemagne. Nous avons dit déjà que Jean y trouva de nombreuses antiquités romaines. Le moyen âge se montra à lui dans les restes de l’ancien palais des rois d’Arles, la tour de l’horloge à l’hôtel de ville, et surtout l’église Saint-Trophime avec son portail et son magnifique cloître romano-byzantin.

Cette ville de 25,000 habitants, a conservé, malgré le voisinage de Marseille, un certain commerce maritime, grâce au canal qui va rejoindre la mer au port de Bouc.

Enfin Jean prit le chemin de fer de Cette, d’où il devait se diriger directement vers Bordeaux. Il passa par Lunel et Montpellier ; — Lunel, célèbre dans le monde entier par ses vins muscats ; Montpellier, ville d’étude, et aussi de commerce et d’industrie, où une population de plus de cinquante mille âmes trouve à s’occuper.

Jean devait revoir ces villes où il était passé à la suite de sir William et dans la compagnie de Maurice : Béziers, Narbonne, Carcassonne, Toulouse. Il aurait bien voulu, étant à Narbonne, faire une pointe jusqu’à Perpignan et Port-Vendres, afin de pouvoir dire qu’il connaissait la Méditerranée depuis les Alpes jusqu’aux Pyrénées ; mais l’état de ses finances ne le lui permettait pas. C’était pourtant bien séduisant : s’arrêter à Narbonne et y voir son hôtel de ville (ancien archevêché) à la fois gothique et mauresque, et à Perpignan le castillet maure, avec ses tourelles rondes à larges créneaux ; avoir une révélation complète de ce Midi d’au delà des Cévennes qui étonne