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XII
annales du musée guimet

bouddhique appartienne soit au Vinaya, soit au Sûtra. Il est vrai qu’il en est plusieurs, et non des moins importants, qui sont répétés dans l’une et l’autre classe ; ce qui atténue la contradiction, mais produit la confusion. La vérité est que les Avadânas font partie du Sûtra ; ce sont des Sûtras auxquels s’ajoute un élément nouveau, celui même que nous venons de définir : le rapport établi entre ce qui se passe aujourd’hui et ce qui s’est passé jadis. La présence de cet élément suffit pour constituer un genre spécial et différencier les textes où il se trouve des autres textes auxquels ceux-ci peuvent être mêlés soit dans la section Vinaya, soit dans la section Sûtra.

Jâtaka. — Le Buddha, se rappelant non seulement son propre passé, mais aussi celui des autres, raconte tantôt des faits auxquels il a pris part, tantôt des faits auxquels il est demeuré étranger ; c’est tout naturel : mais il y a là, pour les Bouddhistes, un distinguo d’une extrême conséquence. Les récits de faits auxquels le Buddha a été mêlé ne peuvent pas être confondus avec les autres ; on en a fait une classe spéciale appelée : Jâtaka « naissance », qui, dans l’énumération précitée, occupe la huitième place. Les textes appartenant à cette classe représentent une partie considérable de la littérature bouddhique et de la section Sûtra. Car je tiens à noter et c’est une confirmation de ce que j’avançais tout à l’heure que, dans le Bouddhisme du sud, le Jâtaka fait partie intégrante du Sûtra.

Les Jâtaka, cela est évident, ne sont pas autre chose que des Avadânas ; on trouve souvent la désignation complexe Jataka-Avadâna. Je dirai plus tard quelques mots d’un recueil de Jâtaka dans le titre duquel entre l’expression : Bodhisattva avadâna : « Avadânas du Bodhisattva, du futur Buddha ». Bodhisattva avadâna me paraît un excellent équivalent, ou, si l’on veut, un excellent commentaire du mot Jâtaka. Mais je n’ai pas besoin de ce genre de preuve pour soutenir que le Jâtaka n’est qu’un cas particulier de l’Avadâna, une espèce du genre Avadâna.

Vyâkarana. Si le présent est le produit du passé, il est aussi le producteur de l’avenir ; il est « gros de l’avenir », comme disait Leibniz. De même que les événements d’aujourd’hui sont la conséquence des actions d’autrefois, les actions présentes sont la cause des événements futurs ; et le Buddha omniscient, qui voit le passé comme dans un miroir, y lit aussi l’avenir. De là une série d’instructions qui relient le présent au futur et de