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Page:Annales du Musée Guimet, tome 2.djvu/19

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TEXTES SANSCRITS DÉCOUVERTS AU JAPON

crit sanscrit d’un classique buddhique ». En revenant il arrive à la pagode élevée à la mémoire de Tche-K’haé, fondateur du système buddhique de Thëeu-T’haé, sous la dynastie Chin (environ 580 av. J.-C.). Un peu plus loin, dans un vallon profond situé sur la gauche, se trouve le monastère de Kauming-sze, particulièrement célèbre par sa possession d’un manuscrit sanscrit, écrit sur feuilles de palmier, autrefois, lu et expliqué par Tche-K’haé, mais inintelligible pour tous les buddhistes de ces régions. Les prêtres paraissaient avoir un respect tout particulier pour ce manuscrit, le seul de ce genre que l’on puisse trouver dans l’est de la Chine, et par conséquent très important au point de vue littéraire. Il date de plus de treize cents ans, mais sa conservation est parfaite parce que les feuilles de palmier, écrites sur les deux faces, ont été soigneusement placées entre des planchettes de bois qui sont fixées par une même cheville centrale. Il comprend en tout 50 feuilles enfermées dans une boîte de palissandre. »

On pourrait évidemment nous objecter que si les manuscrits ne durent pas longtemps dans l’Inde, ils ne doivent pas non plus se conserver en Chine. Mais, même dans ce cas, nous pouvons au moins espérer qu’en Chine, comme dans l’Inde, on aura recopié les vieux manuscrits toutes les fois qu’ils auront présenté des signes de décadence. De plus, le climat de la Chine n’est pas aussi destructeur que la chaleur humide de l’Inde. Dans l’Inde il est rare qu’un manuscrit se conserve plus d’un millier d’années ; bien avant ce laps de temps le papier fait de substances végétales s’altère, les feuilles de palmier et les écorces de bouleau se brisent et souvent les vers blancs détruisent ce qui aurait pu échapper aux ravages du climat. C’est pourquoi les Rajahs indiens devaient avoir tout un état-major de bibliothécaires chargés de copier les manuscrits dès qu’ils paraissaient attaqués ; ainsi s’expliquent à la fois la date moderne de la plupart de nos manuscrits sanscrits et le grand nombre d’exemplaires du même texte qui se rencontrent souvent dans la même bibliothèque.

Les manuscrits importés en Chine n’étaient vraisemblablement pas écrits sur papier, ou sur la matière, quelque nom qu’on lui donne, que Néarque décrit comme du « coton bien battu »[1] ; mais bien sur des écorces de bouleau

  1. On dit que dans le Népal le papier moderne date d’il y a cinq cents ans. Hodgson, Essays.