Page:Anonyme - La goélette mystérieuse ou Les prouesses d'un policier de seize ans, 1886.djvu/33

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Joe en savait décidément plus qu’il ne m’en a dit, pensa M. Halt. Il y a là quelque mauvaise affaire et je ne veux rien avoir de commun avec cet homme.

Mais il n’avait pas encore eu le temps de se retourner que l’étranger l’avait abordé, en lui disant à voix basse.

— Faites excuse, M. Halt. Je voudrais avoir avec vous une minute d’entretien.

— Je ne sais pas qui vous a dit mon nom, monsieur, reprit froidement M. Halt. Mais je ne vous connais pas et je n’ai pas habitude de causer avec le premier venu.

— Je sais votre nom et bien d’autres choses ; bien plus que vous ne pouvez le supposer, répondit poliment l’étranger. Du reste, cette entrevue est beaucoup plus dans votre intérêt que dans le mien.

— Je ne vois aucun intérêt à cet entretien et je ne veux pas le prolonger, dit M. Halt en pressant le pas pour échapper à l’insistance de cet interlocuteur inconnu.

— Supposez, cependant, que je sache le nom de vos parents, qu’ils soient vivants et riches et que je puisse vous les faire retrouver, dît l’étranger, avec un regard profond et froid comme l’acier : croyez-vous que cette communication fût sans intérêt ?

Robert Halt se retourna brusquement.

— Qu’est-ce que vous savez ? demanda-t il avec une subite émotion.

— Mon cher monsieur, vous étiez un peu froid tout à l’heure ; maintenant vous êtes trop pressé. Je sais tout ce qu’il faut savoir ; et je puis seul vous faire retrouver vos parents. Mais je ne travaille pas seulement pour là gloire, et si je vous livre une fortune, j’attends une récompense proportionnée à un tel service.

— Vous ne demandez pas, je suppose, à être payé d’avance ?

— Non, je suis trop raisonnable pour cela. Mais nous avons tous deux, à traiter cette affaire sérieusement et je ne crois pas que la rue soit un bon endroit, pour une conversation de cette importance. Si vous avez dix minutes à vous, et si vous voulez, accepter l’offre d’un verre de rye, il serait mieux je pense d’entrer quelque part.

Lafortune était arrêté devant une boutique, ait coin de la rue, en face de l’endroit où M. Halt et l’étranger venaient de