Page:Anonyme - La goélette mystérieuse ou Les prouesses d'un policier de seize ans, 1886.djvu/34

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se rencontrer ; et grâce à l’angle de la maison, il pouvait les surveiller sans être vu. L’homme aux cheveux roux fit quelques pas en avant et désigna à M. Halt un petit café de matelots, à l’enseigne du Soleil Levant. Lafortune les suivit de l’œil, et quand ils furent entrés, il se dirigea lui-même vers la porte du café, comme s’il eut voulu y entrer derrière eux.

— Non, fit-il, après un moment d’hésitation. J’ai vu ce que je voulais voir. Je sais que la lettre ne m’avait pas trompé. Trop de précipitation risquerait inutilement de tout compromettre, et je retrouverai toujours mon lièvre au gîte. Mieux vaut aller, voir mon vieil ami M. Burel qui doit avoir des choses intéressantes à me dire sur l’homme aux cheveux roux.

Lafortune n’eut pas plutôt le dos tourné, que Joe parut soudainement sortir de dessous terre, et s’avança vers la porte du café du Soleil Levant.

Mais M. Robert Halt et l’homme aux cheveux roux étaient attablés dans un cabinet particulier, au fond duquel leur silhouette apparaissait à peine à travers un coin de porte entr’ouverte.

Ah ! si je pouvais seulement entendre un mot, dit Joe, mais pas moyen !

Tout en cherchant une idée, il regardait autour de lui.

Tout à coup, son œil s’illumina.

— J’ai mon affaire, dit-il.

Joe fit signe à un garçon qui s’approcha de lui aussitôt.

— Dites donc l’ami. Il y avait autrefois dans le plafond de ce cabinet — et il montrait celui où l’homme à cheveux roux était entré — une petite ouverture carrée qui correspondait avec la chambre du boss à l’étage au-dessus.

— Tiens, vous connaissez ça ?

— Oui, y est-elle toujours ?

— Sans doute, mais je ne vois pas…

— Écoute, fit Joe en clignant de l’œil, chacun a ses affaires, n’est-ce pas ? Je suis chargé par une femme jalouse de savoir