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Page:Auclert - Les Femmes arabes en Algérie, 1900.pdf/239

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luxueux et confortable ; la gendarmerie, qui a l’aspect d’une vaste caserne ; alors que les casernes à soldats, série de pavillons jetés à mi-côte, ont derrière leurs rideaux de lauriers-roses des coquetteries de villas. Puis une maison basse qui, comme honteuse d’exister, cherche visiblement à se dissimuler : la prison. Enfin, un parallélogramme en briques rouges. C’est le temple de Thémis. À cinquante mètres, on le croirait entouré de troupeaux de moutons ; mais, quand on s’avance, on voit que ce l’on prenait pour des moutons sont des hommes accroupis les uns près des autres et pelotonnés dans leurs burnous. Ils sont là trois ou quatre cents, attendant sous une pluie diluvienne l’heure de l’audience musulmane.

Les femmes, groupées à part des hommes, ramènent de leurs petites mains, aux ongles rougis par le henné, le haïck sur leur figure ; parfois le vent indiscret en soulève un pan et l’on a de fugitives apparitions de houris. Ces femmes, presque toutes jeunes et jolies, sont en instance de divorce. La grande porte à deux battants du tribunal s’ouvre enfin ; et, pendant que les Arabes, trempés jusqu’aux os, s’accroupissent dans l’immense salle, le chaouch, en costume resplendissant de blancheur, prononce solennellement : « L’audience est ouverte ! »

Les juges installés, aussitôt les plaideurs dé-