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Page:Auclert - Les Femmes arabes en Algérie, 1900.pdf/37

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LES FEMMES ARABES

payer les dégâts des incendies qui se produisent sur les communaux de parcours de leur territoire. Des tribus sont, pour ce fait, tellement frappées, qu’elles ne peuvent plus ni produire ni payer d’impôts.

Cet excès d’injustice révolte l’innocence et lui fait rechercher les coupables pour lesquels elle expie. Ruinés par les incendies, les habitants d’un douar s’étaient dernièrement portés en masse au devant d’une locomotive dont le charbon incandescent, en tombant et les flammèches emportées par le vent, mettaient le feu aux herbes sèches et aux lentisques qui bordaient la voie ferrée, ; ils voulaient arrêter le cheval-vapeur incendiaire et le conduire devant les tribunaux…

Il fallut toute l’énergie du chef de train pour éviter de broyer ces justiciers désespérés.

Pauvres indigènes, boucs émissaires, ce ne sont pas des locomotives qui embrasent les forêts, ce sont ceux qui ont intérêt à dénuder la terre où elles sont plantées, pour pouvoir se l’approprier et vous en chasser.