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Page:Béland - Mille et un jours en prison à Berlin, 1919.djvu/248

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MILLE ET UN JOURS

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Qui ne contemple avec fierté le rayonnement de la gloire de la patrie meurtrie ?

Tandis que, dans la douleur, elle enfante l’héroïsme, notre mère verse de l’énergie dans le sang de ses fils.

Nous avions besoin, avouons-le, d’une leçon de patriotisme.

Des Belges, en grand nombre, usaient leurs forces et gaspillaient leur temps en querelles stériles, de classes, de races, de passions personnelles.

Mais lorsque, le 2 août, une puissance étrangère, confiante dans sa force et oublieuse de la foi des traités, osa menacer notre indépendance, tous les Belges, sans distinction ni de parti, ni de condition, ni d’origine, se levèrent comme un seul homme, serrés contre leur Roi et leur gouvernement, pour dire à l’envahisseur : « Tu ne passeras pas. ! »

Du coup, nous voici résolument conscients de notre patriotisme : c’est qu’il y a, en chacun de nous, un sentiment plus profond que l’intérêt personnel, que les liens du sang, et la poussée des partis, c’est le besoin et, par suite, la volonté de se dévouer à l’intérêt général, à ce que Rome appelait « la chose publique » « Res publica » : ce sentiment, c’est le Patriotisme.

La Patrie n’est pas qu’une agglomération d’individus ou de familles habitant le même sol, échangeant entre elles des relations plus ou moins étroites de voisinage ou d’affaires, remémorant les mêmes souvenirs, heureux ou pénibles : non, elle est une association sociale qu’il faut à tout prix, est-ce au prix de son sang, sauvegarder et défendre, sous la