Aller au contenu

Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/129

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
115
les apologies de l’usure

un nombre infini de fois ! En sorte qu’au bout de cent ans, la famille qui a placé vingt mille francs à 5 pour cent, aura touché cent mille francs, ce qui ne l’empêchera pas d’en toucher encore cent mille dans le siècle suivant. En d’autres termes, pour vingt mille francs qu représentent son travail, elle aura prélevé, en deux siècles, une valeur décuple sur le travail d’autrui.

« N’y a t-il pas, dans cet ordre social, un vice monstrueux à réformer ? Ce n’est pas tout encore. S’il plaît à cette famille de restreindre quelque peu ses jouissances, de ne dépenser, par exemple, que neuf cents francs au lieu de mille, — sans aucun travail, sans autre peine que celle de placer cent francs par an, — elle peut accroître son capital et sa rente dans une progression si rapide, qu’elle sera bientôt en mesure de consommer autant que cent familles d’ouvriers laborieux. Tout cela ne dénote-t-il pas que la société actuelle porte dans son sein un cancer hideux, qu’il faut extirper au prix de quelques souffrances passagères ? »

Nous avons pensé cela souvent, nous tous socialistes, mais personne ne l’a dit avec tant d’éloquence. Qui oserait bien répondre à cette page foudroyante ? Qui ? Bastiat lui-même, et voici en quels termes :

« 1o Il est conforme à la nature des choses et à la justice que le capital produise une rente ;