Aller au contenu

Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
118
critique sociale

prouver ne prouve rien. L’outrecuidance ne démontre que le charlatanisme.

Après un tableau si lamentable et si vrai des iniquités sociales, signifier d’un ton rogue que ces iniquités Sont la justice même, le droit de l’oisif et surtout la providence des travailleurs, c’est tomber dans la bouffonnerie.

Vous leur faites, seigneur,
En les croquant un grand honneur.

Goûtons un peu du miel si clair et si doux qui sucre cette pilule aux ouvriers, pour la faire avaler sans grimace. Bastiat leur continue son speech. Il avait pris pour exorde leur mauvaise humeur. Sa péroraison sera la potion calmante.

« J’en suis bien convaincu, il y a des moments où votre intelligence conçoit des doutes et votre conscience des scrupules sur la propagande qui se fait contre le capital et la rente. Vous devez vous dire quelquefois : Mais, proclamer que le capital ne doit pas produire d’intérêts, c’est proclamer que le prêt doit être gratuit, c’est-à-dire que celui qui a créé des instruments de travail, où des matériaux, ou des provisions de toute espèce, doit les céder sans compensation, Cela est-il juste ? Et puis, s’il en est ainsi, qui voudra prêter ces instruments, ces matériaux, ces provisions ? Qui voudra les mettre en réserve ? Qui voudra même les créer ? Chacun les consommera à