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les apologies de l’usure

C’est le cas ordinaire. Les 99 centièmes des rentes perçues sous quelque nom, sous quelque forme, à quelque titre que ce soit, sont la fortune de gens qui ne font jamais œuvre de leurs dix doigts, des gens de la catégorie dont Bastiat lui-même parle plus haut en ces termes : « Il ne fait rien de ses bras n1 de son intelligence. Du moins, s’il s’en sert, c’est pour son plaisir. Il lui est loisible de n’en rien faire, car il a une rente. »

Bastiat, il est vrai, a mis ces paroles amères dans la bouche d’un ouvrier. Mais il n’en conteste pas la vérité, Il l’admet pleinement, au contraire, ce qui ne l’empêche pas de trouver une pareille énormité, juste, naturelle et nécessaire. C’est à n’y pas croire. Quand le personnage qui ne fait rien, ni de son 1ntelligence, ni de ses bras, parce qu’il a une rente, place à intérêt, soit l’argent de sa rente, soit les instruments de travail, matériaux, ou provisions de toute espèce qu’il s’est procurés avec cet argent, peut-on dire qu’il a créé le capital ainsi prêté ?

Bastiat ne le dit pas en effet, mais il estime ce placement la chose la plus consciencieuse du monde. Pourquoi ? Parce qu’en remontant au déluge, pour trouver le premier exemple et l’origine du prêt à intérêt, il démontre que cet Adam des prêteurs a loué légitimement, avec prime, un capital en nature, fruit de son travail.