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critique sociale

« Légitimement », non ! Il ne démontre pas cela du tout, comme on verra, mais enfin il croit le démontrer. Admettons un instant le fait. De ce placement et d’autres semblables, ainsi que des intérêts accumulés, Adam-prêteur à fini par s’arrondir un magot qui lui permet désormais de vivre, en se croisant les bras, de la rente qu’il en tire. Que ce capital consiste en numéraire, en outils ou en provisions, peu importe. La rente en est toujours licite et morale, et, si Adam le transmet à ses héritiers, ils en percevront l’intérêt, en tout honneur et toute justice, Jusqu’à la fin des siècles, in sæcula sæculorum, Amen.

Le capital aujourd’hui est si ingénieux et si varié dans le prélèvement de ses dîmes, si habile à pratiquer par mille canaux invisibles le drainage des espèces ; les écus lui arrivent de toutes parts à travers un tel enchevêtrement de rigoles, qu’il est impossible à l’œil le plus exercé de suivre les détours de ce labyrinthe. Retrouver, malgré tant d’inextricables entrecroisements, la source plus ou moins trouble de ses profits, serait un nouveau travail d’Hercule.

Pour sanctifier en bloc toutes ces trigauderies, l’économie politique a imaginé le truc d’Adam-prêteur. De même que le péché originel d’Adam-jocrisse a ricoché sur toute la race, le futé soutirage d’Adam-prêteur a fait loi pour sa posté-