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Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/156

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critique sociale

Il est bien entendu que les docteurs de la science officielle sont unanimes à n’admettre ni l’ulcère, ni l’iniquité. Adam Smith, Ricardo, Malthus, Sismondi, J.-B. Say, etc., tous champions de la même doctrine, ne variant que sur des points secondaires, ne paraissent pas seulement soupçonner l’illégitimité de l’intérêt, bien qu’ils n’en puissent méconnaître les déplorables résultats. Ils creusent, ils analysent, ils épluchent, ils classent, ils décrivent ; ils ne raisonnent, ni ne jugent. La morale n’est pas plus de la maison chez eux que chez les arpenteurs. Statistique sur un grand pied. Rien de plus.

Aussi Malthus a t-il l’avantage sur ses confrères. Du moins, il a soulevé une question sérieuse, l’accroissement inégal de la population et des subsistances. D’après lui, la progression serait géométrique pour les bouches à nourrir et simplement arithmétique pour la nourriture. Hypothèse exagérée sans doute, insoluble d’ailleurs par le calcul, faute de précision dans les données, mais hypothèse vraie au fond.

Graves, on le voit, seraient les conséquences. Toutes les places prises, qu’adviendrait-il ? — Ma foi ! ce n’est pas notre affaire. Nous nous mêlons beaucoup trop de régenter l’avenir. Il fera selon son humeur et sa science, et se moquera de notre infatuation. Les morts ont déjà tort d’être les morts, puisqu’ils ne comptent plus.