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critique sociale

Sans doute nos fautes ou nos vertus peuvent ralentir ou accélérer la marche de la civilisation, ce qui nous laisse la disposition entière de notre destinée. Mais que le chemin s’abrège ou s’allonge par notre fait, à chacune de ses étapes, lente ou rapide, l’humanité est saisie par sa loi de développement qui l’arme et l’approvisionne pour la continuation du voyage.

Mais laissons l’avenir à lui-même. Le présent s’efforce de le façonner à son image, et les maîtres du jour voudraient tous le marquer à leur estampille comme troupeau de la propriété. Peines perdues. Cet héritage-là est encore moins sûr que les autres. Détournons les regards de ces perspectives lointaines qui fatiguent pour rien l’œil et la pensée, et reprenons notre lutte contre les sophismes de l’asservissement.

Les anciens économistes se bornent tous à décrire la mécanique sociale ; ils ne parlent du prêt à intérêt que du bout des lèvres, et comme de la chose la plus légitime et la plus respectée. Cette question ne surgit qu’après 1830. Elle s’empare de la scène à la Révolution de Février et surprend l’économie politique endormie sur son trône sans adversaires. Cette science orgueilleuse qui avait une académie pour elle seule, se voit tout à coup menacée, non pas simplement dans sa royauté, mais dans son existence même. Il lui faut mettre flamberge au vent, et passer de