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Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/159

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les apologies de l’usure

une fatigue pour le sexe, cette énervation même, en relevant le chiffre des naissances féminines, suffirait pour conjurer le péril du dépeuplement.

Mais la polyandrie !!! Quel triste changement au chapitre des mœurs ! notre pruderie s’en voilera la face. Et en vérité, la perte de la monogamie serait pleine d’amertumes. Pour nous du moins. Car le bonheur n’est guère que là. Heureusement, quand les transformations sont vraiment nécessaires, elles se préparent de loin, et peuvent ainsi s’achever presque inaperçues.

Pure hypothèse d’ailleurs ! Sur ces choses notre incompétence est radicale, et l’avenir reste livre clos. Si les conjectures sont tolérables, les affirmations seraient grotesques. Soyons persuadés néanmoins que la physiologie seule résoudra un jour la question posée par Malthus, véritable point noir pour la postérité.

Le développement intégral de l’humanité existait en germe dans l’homme des cavernes, ainsi que l’adulte existe dans le fœtus, et l’évolution de l’espèce s’accomplira comme celle de l’individu, non par la main des hommes, mais par celle de la nature. Fata viam invenient. Le genre humain a déjà changé tant de fois de mœurs, de caractère, d’habitudes, de lois, de religions, de morale, qu’on ne sait vraiment où serait bien sa limite dans cette voie des transfigurations. Le serpent fait moins souvent peau neuve.