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Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/158

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critique sociale

bien-être des masses et un rapide progrès de la santé publique.

Or, chez des générations robustes, il est permis de pressentir, d’après les faits déjà connus, une prédominance marquée des naissances mâles et, par suite, la nécessité de la polyandrie[1], ce qui mène droit au gouvernement des femmes. Singulière application de la loi de l’offre et de la demande ! Les économistes n’avaient pas deviné celle-là.

Toutes les circonstances viendraient concourir à cette transformation. Plus de soldats ! La guerre, disparue, cesse d’exiger au gouvernail la main brutale de l’homme. Plus de prêtres ! l’ignorance et les superstitions détruites lèvent l’incapacité actuelle de la femme, en lui conservant ses mérites propres, la douceur, la patience, l’esprit d’ordre et d’administration.

Rare et très demandé, le beau sexe acquerra une toute-puissance rendue sans péril par l’évanouissement des religions et l’universalité des lumières. Cette rareté, en même temps, posera des limites naturelles à l’accroissement de la population, sans couvents, sans violence, sans odieux sacrifices. Que si la polyandrie devenait

  1. Dans les montagnes du Thibet, pays très salubre, les femmes sont en minorité et ont plusieurs maris. Elles épousent ordinairement tous les frères d’une famille. Elles ont beaucoup d’influence et d’autorité.