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Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/172

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critique sociale

contre de la monnaie, à peine de mourir de faim.

L’aphorisme de Bastiat est exactement le contrepied de la vérité. En recevant un écu pour un produit, on ne devient pas créancier, mais débiteur de la société. En retour d’une chose que le vendeur ne saurait consommer, elle lui ouvre le choix entre une immense variété d’objets propres à satisfaire ses besoins et ses goûts. Est-ce par reconnaissance de ce service qu’il prétend la traiter de Turc à Maure ? Bien loin de posséder ce droit, il à le devoir impérieux de compléter, par l’achat du produit d’autrui, l’échange commencé par la vente du sien. Les deux actes de l’opération sont connexes et solidaires, et, de l’aveu des économistes, l’équivalence en est la condition.

L’échange n’est pas terminé, tant que l’écu ne rentre pas au pair dans la circulation, par l’emplette d’une valeur égale à la première. Il ne doit pas laisser en souffrance un autre produit qui réclame à son tour acquéreur : L’argent n’est qu’un intermédiaire. Il ne lui est pas permis de changer de rôle. Le détourner de sa destination, afin d’en tirer un profit usuraire, c’est violer la loi de réciprocité et d’équivalence, et transformer l’agent d’échange en instrument de rapine. Toute extorsion de gain par un abus de ce genre, entre les deux actes de l’échange, au détriment du second, est un délit social.