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critique sociale

l’or, de l’argent, des billets de banque, des valeurs-papiers, échangeables à vue contre espèces. Pas autre chose.

L’économie politique répond par des faux-fuyants, des dissertations, des distinctions, par tout un appareil de logomachie. Suivant elle, le capital n’est point de l’argent, mais l’ensemble des produits réunis pour être mis en œuvre, des outils nécessaires pour l’opération, et des provisions de toute espèce destinées aux travailleurs. Subterfuge. Tout cela est acheté avec de l’argent, exprès pour l’entreprise en vue. Tout cela n’a point été amassé de loin, peu à peu, et réservé à l’exécution du projet. Appeler cet ensemble d’oh- jets le capital, à l’exclusion du numéraire qui en est l’origine, c’est une misérable équivoque.

Quand on crie au peuple que son agitation lui est funeste à lui-même, en le privant de son gagne-pain, quel est l’argument invariable ? « Vous effrayez les capitaux. Les capitaux se cachent. Les capitaux s’enfuient. » Est-ce que les maisons, les champs, les marchandises, les outillages, etc., se cachent et s’enfuient le lendemain d’une révolution ? Ce qui fuit, ce qui s’enterre, ce qui s’éclipse ; c’est le numéraire. Son petit volume pour une grande valeur facilite ses évolutions. Un trou dans le mur, dans la cave, dans le jardin… et des sommes immenses disparaissent en un clin d’œil, à l’insu de tous.