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critique sociale

première, c’est-à-dire la vente, offre des difficultés graves, parfois Insurmontables. Par exemple, le travail seul crée tout, nul n’en disconvient. Or, que demande l’ouvrier ? Vendre son travail. Certes, la prétention est modeste, Eh ! bien, on la trouve exorbitante. Pourquoi ? Parce qu’on ne veut lui acheter qu’au rabais, par le prélèvement de la dîme capitaliste,

Vendre ! Mais c’est pour chacun la question d’existence, le to be or not to be (être ou n’être pas). Achète qui veut et ce qu’il veut, — argent en poche, bien entendu, — vend qui peut. Et que de millions d’hommes ne peuvent pas !

Cette difficulté de vendre est l’écueil du régime de l’échange par les métaux précieux. De là naissent les misères individuelles comme les indigences nationales. Un citoyen souffre, parce qu’il ne peut accomplir la première partie de l’échange, le troc de son travail ou de son produit contre du numéraire. Les nations languissent par la même cause, malgré l’opulence de leur sol. Elles ne trouvent pas argent des richesses de cette terre, qui dès lors reste inactive.

L’économie politique, qui n’aime pas à rester court, dira peut-être, d’un de ces airs de com- passion qui vont si bien à son infaillibilité : « Vous tombez dans l’erreur commune qui prend l’argent pour la richesse. C’est oublier l’Espagne, ruinée précisément par la découverte du Nou-