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Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/193

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le communisme, avenir de la société

ignorants, elle marcherait tombant de l’exploitation au despotisme, mais elle vivrait. Si la société était composée de savants, nullement producteurs, elle ne saurait vivre. »

Le même homme a dit aussi : « Je redoute cette anomalie de déclassés qu’on voit chaque jour, qui sont très instruits, très intelligents, et qui sont hors d’état de gagner leur vie. »

C’est encore ce précieux orateur qui « repousse l’enseignement gratuit, obligatoire et laïque, comme attentatoire à la liberté et aggravant la réglementation centralisatrice. »

Ce sont là tous les vœux et toutes les haines des prêtres, vœux de ténèbres, haines des lumières. La guerre aux déclassés était, après le coup d’État, le cri de ralliement de la chasse impitoyable faite aux instituteurs et aux collèges laïques. Il faut lire les circulaires des préfets de cette époque néfaste pour comprendre les projets de la réaction clérico-monarchique.

L’enseignement libre livrerait toute l’éducation aux jésuites. Nulle concurrence possible devant la coalition du clergé et du capital. La trahison seule osera soutenir le contraire. Enfin, l’anathème lancé à une société toute composée de savants révèle suffisamment l’intention de perpétuer le régime des castes, ici les parias du travail manuel, là les privilégiés de l’intelligence, une masse d’abrutis et une poignée d’abrutisseurs.