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le communisme, avenir de la société

ne faut-il pas admirer la fatuité de ces Lycurgues qui se croient tenus en conscience de minuter article par article le code de l’avenir ? Ils semblent craindre que ces pauvres générations futures ne sachent pas mettre un pied devant l’autre, et s’empressent de leur fabriquer, qui un bourrelet, qui des brassières, qui une petite prison roulante pour leur apprendre à marcher libres.

Il est vrai que ces générations ne seront pas en reste de charité, et s’attendriront à leur tour sur la folie de ces bons ancêtres, maçonnant à l’envi des édifices sociaux pour y claquemurer la postérité. La vieille prison est encore debout ; menaçante et noire, avec deux ou trois lézardes à peine qui ont permis l’évasion de quelques captifs, et déjà, comme les mères-poules, à la vue de leurs petits canards descendus à l’eau, les néo-révélateurs sont dans les transes pour les malheureux évadés qui s’ébattent joyeusement au soleil :

« Eh ! mes enfants ! quelle imprudence ! Vous allez vous enrhumer au grand air. Vite, rentrez dans le beau palais que j’ai construit en votre faveur. On n’a jamais vu, on ne verra jamais son pareil. »

Ils sont déjà trois ou quatre Moïses qui assurent avoir bâti à chaux et à ciment pour l’éternité, et les portes de l’enfer ne prévaudront certes pas contre ces paradis neufs à l’enchère. Libre à un croyant de chercher, à travers la brume, quelque