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le communisme, avenir de la société

ciations, est l’ignorance. Les masses ne comprennent pas et se défient. Défiance trop légitime, hélas ! La race des vampires est toujours là, prête à recommencer l’exploitation sous, de nouveaux masques. Les ignorants, par un instinct vague de ce danger, préfèrent encore la simplicité du salariat. Ils en savent par cœur les inconvénients et les avantages. La complication les effraie. Rien d’aussi décourageant que de ne pas voir clair dans son jeu, quand la vie en dépend.

Néanmoins, les bienfaits manifestes de l’association ne tarderont pas à éclater aux yeux de tout le prolétariat de l’industrie, dès que le pouvoir travaillera pour la lumière, et le ralliement peut s’accomplir avec une extrême rapidité.

Autrement grave est la difficulté dans les campagnes. D’abord l’ignorance et le soupçon hantent beaucoup plus encore la chaumière que l’atelier. Puis il n’existe pas d’aussi puissants motifs de nécessité et d’intérêt qui entraînent le paysan vers l’association. Son instrument de travail est solide et fixe. L’industrie, création artificielle du capital, est un navire battu par les flots et menacé à chaque instant du naufrage. L’agriculture a sous ses pieds le plancher des vaches qui ne sombre jamais.

Le paysan connaît son terrain, s’y cantonne, s’y retranche et ne redoute que l’empiètement.