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Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/228

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critique sociale

pliments. Ils dorent la pilule avec une flagornerie, en prêchant aux prolétaires que les habiletés de la main valent les puissances du cerveau. Les travailleurs dévoués à l’émancipation des masses connaissent bien tout le poison de cet encens. Ils savent trop que ni la force, ni l’adresse ne sont l’intelligence, et que l’auteur de tel chef-d’œuvre industriel peut être en même temps une dupe aveugle.

Voyez l’Inde et la Chine. L’Europe n’a jamais pu égaler les Hindous dans le tissage du cachemire. Comme artistes, comme artisans, les Chinois sont au moins nos rivaux. Et cependant, quelle dégradation ! Pourquoi ? La pensée est absente.

Combien d’animaux même se montrent les émules, sinon les supérieurs de l’homme dans la manipulation de la matière ! Certains nids d’oiseaux sont d’inimitables chefs-d’œuvre. Quels plus merveilleux ouvriers que l’abeille et l’araignée ! L’abeille juxtapose ses tubes hexagones avec une précision géométrique que nous ne pourrons jamais surpasser. L’araignée défie la science du mathématicien et tout l’art du tisseur, dans les mille calculs qui savent nouer ses fils et adapter ses toiles aux emplacements les plus divers. Deux simples insectes pourtant !

Non’ !ce n’est pas la dextérité manuelle, c’est l’idée seule qui fait l’homme. L’instrument de la