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le communisme, avenir de la société

Péril d’autant plus grave qu’il revêt une forme flatteuse. On veut conduire par la vanité à l’abâtardissement et à l’immobilisme. Gutemberg et Voltaire ont été bien autrement utiles à l’humanité que le plus habile artisan. Ce n’est point d’ailleurs le talent, c’est le capital qui opprime. La capacité, sans l’argent, n’est un danger que pour la tyrannie.

Tel ouvrier de la pensée est souvent plus besogneux que le moindre ouvrier de la matière. Qu’est-ce que les déclassés, sinon les parias de l’intelligence ? On ne les insulte que parce qu’ils sont pauvres. Dès qu’ils ont des écus, ils cessent d’être des déclassés et montent au premier rang. Quelle meilleure preuve que la fortune seule, et non le mérite, classe les individus dans notre ordre social ?

Une foule de savants vivent et meurent pauvres, après avoir rendu des services ignorés. Ils avaient le-savoir. Ils manquaient du savoir-faire, qui seul enrichit. Le savoir-faire, ce suçoir du vampire, est le souverain maître de notre cruelle société. Malheur à ceux que la nature a oublié d’en pourvoir ! Ils serviront de pâture à la science-reine, la science de l’exploitation.

Des milliers de gens d’élite languissent dans les bas-fonds de la misère. Ils sont l’horreur et l’effroi du capital. Le capital ne se trompe pas dans sa haine. Ces déclassés, arme invisible du