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critique sociale

servir. Apparemment il ne s’est pas croisé les bras pendant l’année où son rabot était entre les mains de Guillaume. S’il avait prêté son rabot, c’est qu’il pouvait s’en passer. Dire qu’il a fait un sacrifice, qu’il s’est privé d’un objet utile pour son voisin, c’est tartuferie pure. Il a travaillé pendant l’année du prêt, et perçu le prix de son produit. Il n’a aucun droit sur le produit de Guillaume. Que Guillaume ait fait usage ou non du rabot, il suit qu’il le rende à Guillaume tel qu’il l’a reçu. Il ne doit rien en sus.

« Mais pourquoi prêterais-je », dit Jacques, Sil ne doit rien me revenir du service que je rends ? Je refuserai alors. »

Refusez, si cela vous convient. Mais vous ne pouvez pas échapper à ce dilemme : Ou vous avez besoin de votre rabot, ou il ne vous est pas indispensable. S’il vous est dommageable de vous en dessaisir, gardez-le et usez-en. S’il ne vous est pas indispensable, si vous pouvez faire autre chose sans perte pour vous, exiger, pour compensation d’un service qui ne vous coûte rien, un vingtième du prix de votre rabot, outre le rabot neuf, c’est tout simplement une escroquerie.

Ajoutons la question préalable à ces arguments. La question préalable, c’est que l’historiette est une niaiserie, un non-sens, une arlequinade, Jamais il ne s’est passé et n’a pu se passer d’aventure de ce genre, dans les conditions ridicules dont on