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Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/237

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bastiat

Là est le sophisme et le mensonge. Le numéraire cesse d’être ce qu’il doit être, un simple instrument d’échange. Il quitte ce rôle bienfesant pour en prendre un nuisible. D’ami il se fait ennemi ; de bienfait, fléau. D’auxiliaire il devient obstacle ; d’assistance, entrave. Cette métamorphose s’opère dans son passage par les mains de Jacques, qui se sert de l’écu qu’il tient pour rançonner son voisin. Car, il ne l’échange pas au pair contre un produit de valeur égale, comme on avait fait pour lui en remplaçant son produit par l’écu. Il obtient, au bout de l’an, soit le produit de Guillaume de valeur égale au sien, avec un boni, un surplus, soit la même somme de numéraire, avec un excédent d’un vingtième. Son devoir était d’acheter, avec son écu, un produit égal en valeur à celui qu’il avait vendu lui-même, un écu. Il a retenu méchamment le numéraire qu’il devait rendre à la circulation par l’opération complémentaire de l’échange, savoir le troc de l’écu contre un produit de valeur égale au premier. S’il ne voulait pas procéder immédiatement à ce troc, libre à lui de choisir son heure, pourvu qu’il remplit la condition loyale et juste de l’échange, la parité entre les deux valeurs échangées par l’intermédiaire de l’écu.

Quant au prétendu service du prêt, service méritant rémunération, c’est une hypocrisie. Si Jacques avait besoin de son outil, il devait s’en