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Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/24

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critique sociale

Non ! non ! ce danger n’est point à craindre. Il faut que tous consomment. Il y va de l’existence. Là est la garantie de la réciprocité, la certitude de l’aide mutuelle, le fondement inébranlable de la solidarité. Le besoin nous fera tous frères. Pas de meilleure assurance, de plus solde hypothèque.

Cependant, les égoïstes, les cupides comprennent bientôt la puissance du numéraire. Il est souverain. Il choisit, et tout se précipite au devant de son choix. Sultan orgueilleux, il jette aux créatures prosternées le mouchoir que toutes se disputent.

Posséder ce maître absolu, cette lampe merveilleuse qui met à vos pieds le génie de l’abondance avec ses richesses et ses prodiges, c’est le rêve universel. Mais comment s’en emparer, en faire son esclave ? Il vole de main en main, ne s’arrêtant nulle part, plus mobile, plus rapide que l’oiseau. Navette fantastique, 1l passe et repasse , comme l’éclair, à travers la chaîne des hommes que sa trame unit en un tissu immense.

« Arrêtons-le au passage », se dit Gobseck, « qu’il entre et ne sorte plus, sinon chien de chasse, La chose est facile avec un peu de patience. L’échange s’accomplit en deux actes : la vente de son propre produit, l’achat du produit voisin. Vendons beaucoup, achetons le