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critique sociale

vailleurs et enlève l’un et les autres à leur siège naturel.

Même cécité de Bastiat dans toutes ses argumentations contre l’arbitraire des dépenses gouvernementales. Il ne s’aperçoit pas que le reproche est applicable au capital, exactement au même titre et pour les mêmes motifs. Ainsi, dans son article intitulé l’Abondance, il accuse le protectionnisme de créer une rareté factice de certains produits au profit des producteurs, au détriment des consommateurs. Que fait la spéculation du capitaliste, sinon la même chose ? Il raréfie par l’accaparement certains produits qu’il vend ensuite à bénéfice. L’économie politique répond par le pouvoir neutralisant de la concurrence. Réponse impuissante. L’accumulation du capital écrase toute concurrence et se fait place libre. Le monde actuel est dévoré par cette plaie qui s agrandit chaque jour, grâce à l’association des capitaux.

Autre aveuglement de Bastiat. Il cite des proverbes populaires bien connus : — La production surabonde. — Nous périssons de pléthore. — Tous les marchés sont engorgés et toutes les carrières encombrées. — La faculté de consommer ne peut plus suivre la faculté de produire.

Chacun, dit-il, déplore l’abondance et appelle la rareté, et cependant tout le monde travaille de son mieux à créer l’abondance, contradiction étrange. Puis il explique que les lois de