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Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/26

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critique sociale

loyalement son devoir, en offrant une issue aux produits des coassociés, les vampires la ferment, eux, cette issue, d’une main fébrile. Les espèces interceptées commencent à s entasser dans leurs nasses.

Les dupes, les étourdis, les imprévoyants, comme on les qualifie, avaient consommé, dans l’espoir de la réciprocité. Ils sont déçus. Les voilà chargés d’une marchandise inutile. Elle ne pouvait prendre de valeur que par l’échange. Point d’échange. Tout leur manque La faim les presse. Que vont-ils faire ? :

Suivons Lazare, un de ces malheureux. Son aventure est celle de tous les autres. Son voisin (Gobseck à beaucoup de ces écus dont lui ne possède pas un seul. Il va trouver cet heureux mortel et lui dit : « Je manque de fonds pour me procurer des vivres et des habits. J’ai là de la marchandise disponible que je n’ai pu placer. Achetez-la-moi. »

Gobseck. — Impossible, mon ami. Je n’en ai pas besoin.

Lazare. — Eh ! bien, alors, prêtez-moi quelque argent pour me tirer d’embarras. Je vous rembourserai après la vente de ma denrée.

Gobseck. — Je ne le puis pas davantage, mon ami. Cet argent m’est indispensable à moi-mème.

Lazare. — Allons ! c’est malheureux. J’avais