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Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/261

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mentale, tirée de l’utilité sociale. En effet, supposez que vous ne respectez pas la propriété des facultés, la propriété personnelle, il n’y a plus d’homme, il n’y a plus de société, »

« Il n’y à plus de société » ! Ainsi toutes les sociétés de l’antiquité, fondées sur l’esclavage, sont des mythes, des contes bleus. Les colonies européennes sont une fable aussi. Le Brésil et les Antilles n’existent pas. Il n’y à là ni homme, ni société.

L’auteur, il est vrai, se ravise dans cette note : « Dans les sociétés à esclaves, la loi garantit la propriété personnelle aux maîtres d’esclaves. »

Voilà qui arrange tout. La propriété personnelle est transférée de l’esclave, propriétaire naturel, à son maître, propriétaire par représentation. L’esclave jouit de sa propriété dans la personne du maître devenu son alter ego, son sosie. Et la société dès lors marche comme sur des roulettes.

Depuis que le monde est monde, la force seule gouverne, grâce à l’ignorance ; la lutte entre le droit opprimé et la violence n’a jamais cessé. L’oppression, victorieuse et maîtresse, se manifeste à travers les âges par la loi, expression de la volonté du plus fort. Ces lois ont constitué toutes les sociétés sur le principe de la propriété, autrement dit sur la servitude du travail. La majorité travaille et doit travailler pour la mino-