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Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/275

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wolowski

en elle-même, l’opération serait excellente. Seulement, elle n’est pas praticable.

Quelle meilleure garantie que le sol pour un instrument d’échange ? Le sol reste en place et ne peut disparaître. Mais qui aurait confiance dans la certitude du gage ? dans la réalité de sa valeur ?

Pas de meilleure preuve de l’insécurité sociale que cette défiance universelle pour une garantie qui est, en somme, la première de toutes. Personne ne se fie, ni à la bonne foi qui atteste la valeur du gage, ni à la solidité de l’ordre qui en assure la possession et la transmission. Tout le monde se sent aux prises avec la tromperie et l’instabilité. On ne veut que de l’or, seul représentant sérieux de toute richesse, l’or qui brave également et la mauvaise foi individuelle et les tempêtes politiques, l’or qu’on enterre un jour d’invasion ou de bouleversement, et qu on déterre… au bout de quinze siècles, revêtu de sa puissance souveraine. Tout s’est écroulé, tout a changé, excepté lui, qui ressuscite roi, comme il était à l’heure de son ensevelissement.

« Le numéraire », dit Sismondi, « est une voie publique, et celui qui, à l’aide d’une circulation en papier, l’emprunte pour l’exporter, creuse, sous cette voie publique, un souterrain dans lequel elle peut s’abîmer. »

« L’image est heureuse et juste », ajoute Wo-