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critique sociale

avec bénéfice. Ce bénéfice, vous le devrez à mes cent sous. Il est juste que j’en aie ma part.

Lazare. — Vraiment ! je devrai ce profit à votre pièce, et pas à mon travail !

Gobseck. — À l’une et à l’autre.

Lazare. — À mon travail seul, s’il vous plaît. Si, au leu d’emprunter à cinq, j’avais pu placer ma marchandise, elle m’aurait procuré des écus au pair. Avec l’emploi de ces écus. j’aurais fabriqué des meubles dont le prix de vente me serait demeuré tout entier. Point d’écrémage au profit de vos coffres. C’est précisément pour arriver à cet écrémage que les grigous n’achètent pas. Ils forcent ainsi les détenteurs de produits invendus à subir la loi de leur sacoche et à payer tribut,

Gobseck. — À la bonne heure. Tâchez alors d’écouler vos marchandises et de vous remettre à flot. Quant à moi, malgré vos beaux raisonnements, je ne prête point gratis mes picaillons. Un mot encore. Il me semble que tout le monde n’est pas pigeon ou vautour. Je vois des gens qui ne prêtent ni n’empruntent. Ils se gouvernent donc mieux que vous ?

Lazare. — Ou ils ont des charges moins lourdes, une famille moins nombreuse, que sais-je ? Peut-être encore ne disent-ils point de mal des usuriers, et n’essaient-ils pas de leur prouver qu’ils sont des fripons. Les gros leur accordent