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Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/42

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critique sociale

que tu m’as abandonnés en payement de ta dette… »

Lazare. — Vous ne devez pas avoir eu grand peine à gagner dessus cent pour cent.

Gobseck. — Pourquoi n’as-tu pas essayé toi-même de vendre, alors ?

Lazare. — Parce que j’étais acculé à l’échéance et forcé d’en passer par vos conditions. Vous avez pu attendre, vous, prendre votre moment. Et puis, un homme en bonne posture de finance impose à l’acheteur. Respect aux écus ! On vous a donné à vous, avec considération, ce qu’on ne m’eût pas accordé à moi comme une grâce.

Gobseck. — Je ne dis pas non. Il y a du vrai là-dedans. Mais laissons cela. Tu n’as point d’ouvrage, ni de fonds pour reprendre les affaires, et je ne puis plus t’en avancer comme de juste. Tu n’offres point de garanties. En cherchant à me dépêtrer de ta marchandise, j’ai appris à connaître les débouchés. Je ne sais pas pousser un rabot, ni tenir un maillet. Mais j’ai idée que je m’entendrais mieux que toi à écouler des meubles,

Tu as ton outillage. Je te fournirai le bois et tu travailleras à mon compte, soit à la journée, Soit aux pièces, à prix arrêtés d’avance entre nous, Je te paierai ton salaire, et tu n’auras à t’occuper de rien que de ta besogne d’atelier. Cela te va-t-il ?