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Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/59

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l'usure

jadis, n’eût-il pas été une illusion, une utopie ? Entre la loyauté et la trahison, les âges de ténèbres et de sauvagerie pouvaient-ils hésiter ? Ils ne connaissaient d’autre droit que la force, d’autre morale que le succès. Le vampire s’est lancé à pleine carrière dans l’exploitation sans merci. L’usure est devenue la plaie universelle.

Son origine se perd dans la nuit du passé. Cette forme de la rapine n’a pu se montrer avant l’usage de la monnaie. Le troc en nature ne la comporte pas, même avec la division du travail, L’écriture n’existait certainement point alors. Elle eût conservé un souvenir précis de cette grande innovation. Or, la tradition est muette.

L’usure fut un mal, non pas nécessaire, ce serait du fatalisme par trop dévergondé, mais inévitable, Ah ! si l’instrument d’échange avait porté, dès le principe, ses fruits légitimes, s’il n’avait pas été faussé, détourné de sa destination !… Oui, mais si… est toujours une niaiserie. Faire du présent une catilinaire contre le passé, n’est pas moins absurde que faire du passé la règle, ou plutôt la routine de l’avenir.

Chaque siècle à son organisme et son existence propres fesant partie de la vie générale de l’Humanité. Ceci n’est point du fatalisme, Car la sagesse où la débauche du siècle ont leur retentissement sur la santé de l’espèce. Seulement,