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Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/73

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capital et travail

longue succession d’échanges, où plutôt l’échange en permanence. Pourquoi donc l’appeler si mal à propos capital, puisqu’il peut porter un nom légitime et honnête, l’échange, et que l’affreux Moloch. vulgairement qualifié capital, est au contraire le destructeur, le loup dévorant de l’échange ?

Des nombreuses formules sorties de l’imagination des savants, une seule, travail accumulé, a prévalu généralement et se rencontre aujourd’hui sous toutes les plumes, peut-être parce qu’elle est plus brève, sans être moins fausse que les autres.

Un caillou est capital pour le maçon, aussi bien qu’une aiguille pour la couturière. À titres divers, ces deux objets sont réputés instruments de travail. Or, si, avant de parvenir à la couturière, l’aiguille a passé par dix ou quinze industries, dont elle accumule les diverses mains-d’œuvre, le moellon tombe vierge entre les mains du manœuvre. Le capital des économistes n’est donc pas toujours, et il importe fort peu qu’il soit ou non, comme l’enseigne le dogme régnant, du travail accumulé : définition malencontreuse qui en rappelle une plus absurde encore : accumulation de produits.

Pour le producteur, en effet, accumulation signifie ruine. Le souci de ses jours et de ses nuits est de se défaire au plus vite de son produit ;