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Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/74

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critique sociale

son plus beau rêve, d’en être débarrassé, avant même qu’il existe. Chez le négociant, mêmes inquiétudes, mêmes vœux pour le prompt écoulement de sa marchandise, C’est que la vente seule donne du pain.

On n’accumule les produits que pour l’approvisionnement des navires, des arsenaux, des armées en campagne. Triste besogne, toute en dehors de la vie normale ! Les magasins du commerce ne s’emplissent que pour se vider régulièrement. Sinon, gare la faillite !

D’ailleurs les produits sont caducs. Les comestibles ne se conservent pas. Les vêtements, armes, meubles, outils se détériorent. Les bestiaux meurent ou sont mangés. Les maisons même ont besoin d’un entretien qui, dans un temps donné, équivaut à reconstruction. Nourriture, habillement, logis, mobilier, toutes ces créations du travail s’en vont ainsi plus ou moins vite, et ne passent jamais à l’état de produits accumulés. Éphémères ou durables, leur accumulation serait un désastre. Car l’excès d’abondance en amoindrit, et pourrait même en supprimer la valeur. Aussitôt créés, ils doivent entrer en Consommation, à peine immédiate de perte. Sans doute, ces diverses choses, déjà plus ou moins entamées, constituent la principale richesse du pays. Qu’on les dénomme, si on veut, l’ensemble des produits en voie de consommation,