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Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/99

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le luxe

ennuyé de sa poudre à museau, il va culbuter ces florissantes usines et renvoyer aux vieilles ferrailles les outillages établis à grands frais.

Que lui importe ! Ces culbutes sont le moindre de ses soucis. Poudres, pommades, huiles, vinaigres et eaux, parfums et puanteurs, chiffons, bijoux, rubans, dentelles, manches longues et courtes, plates et bouffantes, ceintures à la Malbrouk et ceintures-ficelles, chapeaux-parapluies, chapeaux-tonsures, étoffes plus innombrables que les sables de la mer. meubles, tentures et carrosses omniformes et omnicolores, défilent avec une rapidité vertigineuse à la lanterne magique du luxe, suivis de la multitude des travailleurs, courant, hors d’haleine, après sa majesté l’Empereur-Écu, pour attraper quelques bribes de ses rognures,

Un matin, mademoiselle Mars voit entrer chez elle, un paquet sous le bras, un négociant lyonnais, qui lui dit à brûle-pourpoint, d’un ton ému :

« Madame, je viens vous demander de faire ma fortune.

— Votre fortune ?… Moi, monsieur ?

— Oui, madame, vous ! Et vous ne me refuse- rez pas. Vous êtes si bonne !

— Mais, monsieur,… Je ne comprends pas…

— C’est bien simple. J’ai en magasin des quantités considérables d’une fort belle étoffe de soie, que j’espérais écouler avec bénéfice et qui m’est