Aller au contenu

Page:Barrès - La Colline inspirée, 1913.djvu/237

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Monsieur le Supérieur, dit-elle, votre frère m’a dit, ce matin, que vous aviez mis quelque chose de côté pour moi.

— Oui-da, répondit l’autre, avec le plus grand sérieux.

Et. se levant de table, il alla chercher dans un placard une boîte soigneusement enveloppée de papier d’argent.

La Noire Marie le déplia. Il y avait dedans un petit chapelet de saint Hubert.

Une bouffée de sang monta au visage de la vieille fille indignée et colora faiblement ses joues de moricaude.

— Quand on fait des banquets avec des carpes de dix livres, c’est vraiment malheureux, dit-elle, de ne rien mettre de côté pour sa propriétaire.

Et sans toucher aux noix et aux pommes fripées, dont les sœurs avaient à grand’peine rempli un compotier, elle prit brusquement la porte.

Les trois frères sortirent avec Thérèse. Aucun vent ne soufflait et toute la colline demeurait immobile sous le grand ciel paisible. C’était un beau temps printanier, mais les trois Pontifes se sentaient bien tristes. Ils se voyaient au bord d’un précipice, dont jamais Léopold n’avait permis qu’on lui parlât. Par-