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Page:Barrès - La Colline inspirée, 1913.djvu/238

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fois, Quirin avait bien essayé de représenter à son aîné que la Noire Marie pouvait les expulser, mais chaque fois Léopold avait annoncé qu’ils reprendraient bientôt leurs quêtes et que tout s’arrangerait au mieux. Comme ils passaient dans les prairies au-dessus de Saxon, ils furent aperçus par une bande de jeunes filles de seize à vingt ans, qui se mirent à les suivre en chantant des cantiques à Marie. Ils tournèrent à droite, elles tournèrent avec eux jusqu’à la rive du bois, d’où l’on voyait briller sur la pente la source Sainte-Catherine protégée par des aulnes. Là, ils s’arrêtèrent et s’assirent sur l’herbe, dans l’ombre mince des buissons tout chargés de sansonnets, tantôt perchés, tantôt bruissant des ailes, congrégation des airs qu’animait une suite de caprices rapides. Alors les méchantes enfants entonnèrent les chansons insultantes, et se tenant par le bras elles passaient et repassaient effrontément. C’étaient des filles charmantes, des bergères et des dentellières. Mais pour les Pontifes insultés, c’étaient, nées du trou boueux de Saxon, des sorcières enivrées, toutes bonnes pour danser le sabbat sur la ruine de Vaudémont.

Toutes les vignes de la côte étaient rem-