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JOURNAL

Eh bien, que dites-vous de cela, vous qui traitez ces choses-là de charlatanisme ? Si c’est du charlatanisme, il produit des effets merveilleux. J’ai transcrit exactement ; j’ai peut-être omis quelque chose, mais je n’ai rien ajouté. Voyons, n’est-ce pas surprenant ? n’est-ce pas étrange ?

Ma tante fit l’incrédule, car elle était furieuse contre le Cardinal ; elle commença une série de phrases contre Alexis, sans but ni raison, qui m’agaçaient terriblement, car je savais bien qu’elle n’en pensait pas un mot.

Autant j’étais haute hier, autant je suis basse aujourd’hui.


Samedi 22 juillet. I…, ne me voyant pas arriver en Russie, télégraphie à maman, qui m’écrit que lui et L… sont mes vrais fidèles. Oui, c’est vrai. Je ne pense plus à Pietro, il est indigne, et, grâce à Dieu, je ne l’aime pas.

Jusqu’à avant-hier, tous les soirs je demandais à Dieu de me le conserver et de me faire triompher. Je n’en parle plus à Dieu. Mais Dieu sait que je veux m’en venger, tout en n’osant pas le demander. La vengeance n’est pas un sentiment chrétien, mais noble ; laissons aux vilains l’oubli des injures. D’ailleurs on ne les oublie que quand on ne peut pas faire autrement.


Dimanche 23 juillet. Rome… Paris… La scène, le chant… la peinture !

Non, non. La Russie avant tout ! C’est le fondement de tout. Hé ! puisque je pose en sage, agissons conve-